Barbara LOYER.
Préface de Yves LACOSTE "Géopolitique du Pays Basque. Nations et nationalismes en Espagne" L'Harmattan - 1997

Le "problème basque" est souvent présenté comme la traduction d'un affrontement séculaire entre le peuple basque, dont l'organisation armée ETA serait le défenseur, et un État espagnol oppresseur et dominateur. L'ETA ne représente qu'une petite partie de ce peuple et affronte ouvertement les nationalistes basques qui s'opposent à la lutte armée et défendent le système politique espagnol actuel, même s'ils souhaitent le transformer.
Ce livre, issu d'une thèse dirigée par Yves Lacoste, décrit les fondements historiques et culturels de la situation au Pays basque (y compris en France). Il s'attache tout particulièrement à montrer la diversité des opinions politiques des citoyens basques, dont certains sont d'ardents défenseurs de l'Espagne. Il permet de prendre la mesure de la singularité de la nation espagnole et de son face à face, sur son territoire, avec des nations concurrentes. Un livre intelligent sur un sujet difficile.

Et cet ouvrage que nous n'avons pas encore lu, mais vu la qualité des deux ouvrages précédents et le thème de celui-ci, cela doit franchement valoir le coup.

Patrick Cassan. Préface Michel Roux, Jean-François Soulet.
"Le pouvoir français et la question basque" (1981-1993) L'Harmattan - 1997

L'étude de Patrick Cassan porte sur un sujet relativement peu exploré, les rapports entre le pouvoir politique français et le mouvement nationaliste basque. Le pouvoir politique français dont la compétence s'arrête à la frontière de l'Espagne, est confronté à la question basque dans sa totalité, un ensemble de revendications politiques et culturelles à base ethno-nationale dont l'épicentre se situe sur le territoire de l'état voisin. Ce livre permet une réflexion sur plusieurs questions générales comme le développement, les revendications et l'activisme de nationalismes minoritaires en Europe occidentale.

Euskadi en guerre ?
Euskadi en guerreŠ
Euskadi en guerre !

On peut avoir la tentation d'ajouter un signe pour atténuer la dureté de l'affirmation : en guerre. Surtout quand la traduction - comme toute traduction - trahit le sens du mot basque "guduan".
Le terme euskarien "guduan" ne comporte pas la nuance d'évaluation, de jugement de valeur qui existe dans l'expression "en guerre", quand elle est utilisée en opposition à l'expression "en paix".

Le lecteur "erdaldun" - terme qui désigne celui qui s'exprime dans une langue autre que l'euskara - doit savoir que "guduan" se réfère à une réalité qui englobe à la fois :
- le "gudari" : soldat qui défend sa patrie, de sa propre volonté
- la situation politique, sociale et militaire de la société à laquelle il appartient
- la conscience qui l'anime d'appartenir à un peuple dont les droits fondamentaux ne sont pas respectés, unies à la volonté de prendre la relève de ceux qui, tout au long d'une histoire, ont sacrifié leur vie pour atteindre l'objectif de libérer leur nation
- et aussi les particularités que comporte l'occupation-domination

cette réalité est abordée par quatre écrivains d'Euskadi, tous spécialistes dans leur secteur, pour ce qui concerne l'histoire, la culture euskaldun, la répression, la situation socio-politique. Ainsi est satisfait le désir, formulé par A. Sastre dans le prologue : "de la nécessité d'un livre sérieux et partisan - l'un ne contredit pas l'autre, au contraire - qui est attendu depuis longtempsŠ et cette publication serait de grande utilité pour ceux qui essaient d'approcher sans préjugés ce sujet brûlant et passionnant; un livre, enfin, pour tous ceux qui sont disposés à le lire avec l'intention de s'informer de choses et fonder ainsi leurs position - quelles qu'elles soient - sur une information non déformée. Le fait que ETA circule, en tant qu'opinion, dans les pages de ce livre, ne fait qu'augmenter son intérêt jusqu'à un point d'incandescence".